Blog des Tendances qui vont transformer les Entreprises
6 Février 2013
L’agilité, conçue dans les années 90 par des développeurs pour des développeurs, consistait à mettre en place une autre forme de gestion de projet, plus efficace et plus satisfaisante pour le client. Et ô heureux hasard, cette performance passe par des pratiques plus respectueuses des mécanismes humains. Restée relativement confidentielle pendant une dizaine d’années, elle sort de plus en plus du cadre informatique pour s’adresser de façon générale à tous les niveaux de l’entreprise.
Sociologues et philosophes manifestent de plus en plus d’intérêt pour ce mouvement opérationnel. Bernard Stiegler n’a pas hésité sur la scène du CNIT a déclarer que « l’agilité est une vraie innovation sociale ». Sociale tout autant que managériale, au service des organisations qui veulent conjuguer concrètement, au delà des beaux discours pleins de vertu, performance et bien-vivre au travail.
Pour mettre un pied curieux dans l’agilité, voici une présentation qui s’adressait aux jeunes dirigeants d’entreprise du CDJ, réunis fin novembre au Stade de France pour la journée nationale du Cercle des jeunes dirigeants d’entreprise, placée sous la thématique « Agilitez-vous ! ». Journée qui avait pour objectif de faire découvrir les applications managériales de l’agilité à ces jeunes patrons.
Adaptabilité, flexibilité, réactivité
Anticipation, culture du changement
Culture collaborative, droit à l’erreur
Développement des potentiels et des compétences
Amélioration continue
Culture client
Management de la complexité
Pour permettre de…
Conserver ses parts de marché
Se renouveler en période de crise
Conquérir de nouvelles opportunités
Répondre à l’incertitude et l’instabilité
Adapter son comportement et son offre aux besoins des clients
Se mettre dans une posture d’innovation et de bien-être
Jusque-là, rien de nouveau ni à l’ouest ni ailleurs, les théoriciens du management disent précisément la même chose. Alors, l’agilité, qui prétend réconcilier le plaisir au travail et la performance, N-ième lupanar du management?
Ils sont légions les discours actuels sur la nécessité de remettre du plaisir et de la (des) valeur(s) dans le travail. Encore un lupanar du management, qui concocte des théories à la louche, ficelées à la va-vite? Même pas. L’agilité existe bien, avec des résultats intéressants, des équipes réjouies et des clients satisfaits.
Le management agile repose sur les quatre valeurs du manifeste de l’agilité, établi en 2001. Pour réaliser leurs projets, les agilistes privilégient :
Les interactions entre les individus plutôt que les outils et les processus
La collaboration avec les clients plutôt que la négociation contractuelle
La fourniture du produit attendu utilisable au plus tôt versus sa documentation exhaustive
L’acceptation du changement des besoins et la réactivité plutôt que la planification rigide.
Ils ont pris conscience de la nécessité de privilégier ce qui fait du sens : création de la valeur métier ET valorisation des individus, au service du projet collectif. Et ils ont oeuvré dans ce sens.
Rien à voir avec une collection de recettes managériales magiques et simples à mettre en place. Comme tout ce qui intègre les besoins individuels à la gestion collective, rien de facile là-dedans. Si le management facile existait, il aurait déjà été inventé.
Le résultat n’a rien à voir avec un grand bazar d’interactions sans objectif, d’absence de documentation des actions ou d’utilisation d’outils. “une réelle dynamique, structurée et créatrice de valeur pour les clients et l’entreprise, dans une relation équitable, durable et profitable, explique Laurent Sarrazin. Nous pourrions oser le terme « éco-management », tant il s’agit de prendre en compte l’écologie du client comme celle des équipes qui travaillent sur le projet.
Cet éco-management et ses 4 valeurs s’articulent autour de 7 principes que l’on peut formuler ainsi:
La capacité d’anticipation des ruptures de son environnement mais aussi des conséquences de ses propres décisions et actions,
La coopération, tant en interne de façon à rechercher un optimum collectif plutôt qu’un maximum par fonction, qu’en externe vis-à-vis de tous les acteurs de son environnement grâce à de multiples conventions renégociables à loisir,
L’innovation permanente dans son offre client grâce à un mix « coûts maîtrisés – valeur créée »,
Une offre globale s’appuyant bien sûr sur des produits toujours plus performants mais aussi sur des offres de services et une relation personnalisée avec chaque client,
Une culture client généralisée dans une organisation par processus où chacun est client de l’autre et réciproquement,
Une complexité à échelle humaine visant à favoriser la reconfiguration des équipes ou des services,
Une culture du changement faisant de celui-ci un allié souhaité plutôt qu’un ennemi craint.
L’exemple du groupe Hervé, une entreprise agile
Toujours lors de la journée agile du CJD l’exemple de groupe Hervé a été exposé pour montrer les applications possibles des principes agiles à toute l’entreprise. 400M€ de chiffre d’affaire et près de 2500 salariés, le groupe Hervé a mené une ré-organisation qui s’articule autour de “méthodes de gestion qui placent les collaborateurs en situation d’autonomie et de responsabilité” qui s’inspirent de l’agilité. « Tous intra-entrepreneur » pour plus de reconnaissance et de dépassement de soi, en somme.
“Michel Hervé fait partir sa démarche d’un point fondamental : le besoin de reconnaissance de l’individu, « la recherche du bonheur à travers le dépassement de soi par la reconnaissance des pairs ». Pour lui, l’esprit entrepreneurial n’est rien d’autre que le fait de comprendre que la somme des intelligences individuelles forme l’intelligence collective. Le dirigeant devient ainsi un chef d’orchestre, « qui met en harmonie des instruments qui produisent des sons ». Le dirigeant est ainsi avant tout un facilitateur, un médiateur… Son rôle n’a de sens qu’au service des autres.”
C’est ce que nous verrons bientôt dans un billet consacré aux pratiques agiles, qui permettent de mettre en action ces principes et ces valeurs et relèvent presque plus de l’état d’esprit, tant on y expérimente avec une soif d’amélioration constante, que d’une méthodologie.
Sources et lecture complémentaires:
Les 7 principes fondateurs de l’agilité - Le management dans l’incertitude
Qu’est-ce que l’agilité en entreprise - Ecole de management de Grenoble
L’Histoire du Manifeste Agile - Fabrice Aimeti
Agile, c’est quoi? - L’agiliste
Agile Manifesto: 12 principes à ne pas perdre de vue… - Jean-Claude Grosjean